Claude-Etienne Hugau fait partie de la descendance Jacquet-Aubertin que l'on peut trouver sur ce blog.
La présente biographie résulte d'une synthèse des recherches bibliographiques de Jean-Yves Labadie que je remercie pour son travail qui permet de faire revivre l'exceptionnelle carrière de cet officier.
Claude-Etienne Hugau, fils d'Etienne, domestique, et de Marie-Thérèse
Poupin, naît à Paris le 2 avril 1741. Il s'engage comme soldat, au régiment de
Bretagne en 1757, puis est affecté, en 1761, à celui du Colonel-Général comme
cavalier, sous les ordres du duc de Bouillon avec qui il fait la guerre du
Hanovre. Le duc le remarque et Hugau se met à gravir très vite les échelons :
1763, maréchal des logis ; 1765, porte-étendard (sous-lieutenant de cavalerie);
1768, lieutenant, et capitaine de cavalerie le 15.08.1769 (ce jour-là, en Corse,
naissait Napoléon 1er) ,il est alors au régiment Royal-Comtois. ce corps est
désigné pour faire campagne aux Indes afin d'aider le nabab Ayder-Alican en
lutte contre les Anglais. C'est là l'occasion pour les Français de prendre leur
revanche sur ces derniers qui les ont chassés de cette colonie en 1761, suite à
l'incapacité du gouverneur Lally-tollendal qui s'était aliéné les princes
indiens.
La compagnie de Hugau s'embarque à Bordeaux, sur le Duc de Praslin,le
9 novembre 1769. Durant la traversée, notre héros et ses compagnons auront droit à la
cérémonie du Bonhomme de ligne, ils assisteront dans l'Ile de France
(ancien nom de'Ile Maurice) à la cruauté des blancs envers les esclaves, ils
seront étonnés des us et coutumes aux Seychelles; lors de cette escale, le fils
de l'Imam est flatté que les français l'aient salué de 5 coups de canons selon
l'usage, ce que ne font pas les Anglais, aussi l'entente est-elle bonne. A Goa,
durant l'escale qui y est faite, bien que les Portugais gardent jalousement
leurs femmes, l'une d'elles, à travers sa fenêtre, remarque Hugau et réussit à
lui faire parvenir une invitation pour le soir-même. Hugau, tout fier, se met
sur son "31" et se rend à l'heure dite chez la personne en question.
C'est alors que, lorsqu'il voit apparaître la dame, il se rend compte qu'il est
tombé dans un piège : La femme est d'un âge plutôt certain et les attributs de
la beauté l'ont depuis longtemps quitté. Fort heureusement, Hugau trouve une
ruse, il dit "Ah !!! Madame !!! je suis indigne de tant de beauté !!! Je
préfère me retirer !!!" et il s'en alla.
Le
1er janvier 1771, le régiment embarque sur un bâtiment de guerre, la flûte le
Mascarin, qui n'est ni équipé, ni escorté afin de préserver le secret de ce
voyage. Mais, après son escale à Karward, le 5 vers 18 h, le danger fait son
apparition à la hauteur d'Angola, sous forme de 3 galvettes pirates (petits
bâtiments légers dont se servent les pirates indiens et pouvant contenir
jusqu'à 300 hommes) qui les rejoignent et leur envoient 2 coups de pierres
(arme à feu de jet semblable à un petit canon). La flûte ne pouvant se défendre, les Français sont capturés, et, malgré une
rançon de 50 roupies, ne sont pas libérés. Aussi,décident-ils de se faire
passer pour des Anglais. Le 6, le commandant Hugels doit rejoindre le chef
pirate, il demande à ses hommes d'obéir à Hugau. Vers 14 heures, tout
s'arrange, la ruse a réussi et, les pirates fraternisent. A tel point que, pour
en être débarrassés, les pseudo-Anglais doivent leur faire des présents d'un
montant de 2.400 livres, plus une lettre de recommandation pour tous les
commandants Anglais signée Georges Preston (Hugels). En échange, les
français reçoivent un passeport.
Le
7, à midi, Claude Hugau aperçoit de nouvelles galvettes auxquelles Le
Mascarin échappe de peu. Il fait escale à Honavar où se trouveun vaisseau
d'Albion Le Northumberland (s'agit-il du même vaisseau que celui qui
devait emporter plus tard Napoléon à Ste-Hélène ou d'un
"prédécesseur" de celui-ci ?). Hugau fait partie des 3 volontaires
chargés à pied jusqu'à Mangolor, de demander une escorte au gouverneur. Arrivés à
destination, quelle n'est pas leur surprise en voyant Le Mascarin.
Celui-ci s'était fait escorter par l'Anglais moyennant 10 piastres. Le régiment
continue sa route à cheval, vers Ayder Nagar. Enfin, le 2 mars, à 7 lieues de
Srirangapatna, à 14 heures, a lieu la bataille de Melcotta contre les Marattes
(indiens alliés des Anglais). Grâce aux canons, ceux-ci sont vite chassés, mais
Ayder Alican ne profite pas de son avantage, et le 6, la victoire se transforme
en retraite. Durant celle-ci, Hugau ayant cru voir une colonne amie, se dirigea
vers elle, et faillit tomber entre les mains de l'ennemi. L'expédition se
révélant un échec, les Français quittent l'Inde dans la rade de Tellichery, le
13 janvier 1772.
Initinéraire de Claude Hugau en Inde
(source J-Y. Labadie, www.lesapn.org)
Hugau
entre dans la Légion Royale en 1774, dans le Royal Dragons en 1776. Il se marie
le 1er september 1778 avec Eléonore Dolbelle, née le 8 juillet 1754 à Versailles, fille des
défunts Guillaume-Pierre Dolbelle, officier de la Bouche de Madame, et de
Marie-Madeleine-Cécile Dubois (une nièce d'Eléonore, Marie-Eléonore Jacquet-Aubertin épousa le 18 Thermidor an IX Michel Ozanne, directeur de l'ecole
centrale de l'Eure dont la tombe est à Arnières sur Iton). Le même jour, leroi
le nomme Aide-major Général du corps de Volontaires des Etrangers de Marine sous
les ordres du duc de Lauzun. Le 20 juin 1779, Claude Hugau est nommé
lieutenant-colonel, et le 5 novembre, il est admis à la dignité de "Chevalier de
St-Louis".
Le couple Dolbelle
(source J-Y. Labadie, www.lesapn.org)
Comme on le voit, les roturiers, avant l'édit de 1781 sur les 4 degrés
de noblesse, pouvaient accéder au grade d'officier par le rang (environ 15% des
officiers sortaient du rang, on les appelait officiers de fortune), mais
en général ils ne dépassaient pas le grade de lieutenant. L'avancement de Hugau
est exceptionnel, il le doit à ses qualités, mais aussi aux circonstances
particulières qui entourèrent sa carrière.
Le
5 mars 1780, le corps des Volontaires Etrangers de Lauzun (?). Celui-ci passe
en Amérique en 1781 ,sous les ordres du comte de Rochambeau où Hugau se
distingue. Le 10 juillet de cette même année, il reçoit une lettre du général Washingon qui
le félicite et l'invite, lui et sa compagnie, à dîner.
Durant cette campagne d'Amérique,
Hugau doit faire face à la jalousie de certains officiers nobles qui sont sous
son commandement. Heureusement, les ducs de Lauzun et de Choisy le soutiennent.
De retour en France, Hugau continue à servir dans l'armée de Lauzun
jusqu'en mars 1789 où, à près de 48 ans, il prend sa retraite avec une pension
de 3.400 livres. Hugau s'installe alors dans l'Eure à Gravigny (près
d'Evreux, localité de sa belle-famille), où il est propriétaire du Clos-Bioche. Il retrouve son ancien chef de
corps, le duc de Bouillon. Celui-ci ne l'a pas oublié, puisque, le 24 juillet 1789,
il le fait commandant en second de lamilice bourgeoise qui deviendra en 1790 la
Garde Nationale. Hugau prête le serment civique le 21 février 1790 et, le 6 mars,
c'est sous son commandement que les détachements des villes d'Evreux, Louviers,
Pont-Audemer, Bernay et Beaumont partent faire le serment de la Fédération
martiale à Chartres. Le 10 juillet, il repart avec huit hommes et deux officiers pour la
fédération générale de Paris. Ils sont de retour le 24 avec la bannière dont
les districts de Paris leur ont fait présent.
Le
25 décembre, apprenant qu'il est nommé juge de paix, mais ne pouvant cumuler plusieurs
fonctions, il se démet de celle de commandant de la Garde Nationale. Il
démissionnera de nouveau, le 27 novembre 1791,venant d'être éu député de l'Eure.
Apprenant sa nomination, le duc de Bouillon l'engage, à titre de "vieille
connaissance" à loger chez lui à Paris, quai Malaquais n°1919. Refuser
serait indécent et Hugau accepte. Le 24 juillet 1792, il fait hommage à la patrie de
sa croix de St-Louis. Le 18 octobre, le député prête serment : "Au nom de la nation,
je jure de maintenir de tout mon pouvoir la liberté et l'égalité ou de mourir à
mon poste". Il fait partie du comité militaire et présente plusieurs
rapports. Son mandat terminé, il retourne à Gravigny avec son épouse, et reprend
ses fonctions de juge de paix. C'est alors que le 15 ventôse de l'an II
(5 mars 1794), un agent d'affaire du fils du duc de Bouillon vient lui adresser un
mandement de 208 livres 4 sols et 11 deniers pour la location du logement parisien de son altesse. Hugau porte
plainte.
Après
celà, il devient agent supérieur du gouvernement pour le recrutement de 300.000
hommes, puis, toujours juge de paix et, en même temps, commissaire pour annoncer
les secours aux pauvres dans 117 communes du département de l'Eure jusqu'à l'an
VI. De l'an VI à l'an VIII, il est président du tribunal criminel d'Evreux. Bonaparte
arrive au pouvoir et le nomme sous-inspecteur aux revues le 18 germinal an
VIII (8 avril 1800) à 59 ans. Ses collègues du tribunal le regrettent. Le voici parti pour
la campagne de l'armée du Rhin, sous le commandement de Moreau. Après la guerre,
il est affecté à Caen, puis au camp de Boulogne où, le 18 vendémiaire an XIII
(10 octobre 1804), Hugau envoie son serment à la Grande Chancellerie de la légion
d'honneur, car il est fait chevalier depuis le 18 thermidor an XII (6 août 1804)
sous le n° 7 179.
En juillet 1806, il est chargé de faire la revue des élèves de l'école
impériale de Fontainebleau. Cette charge est onéreuse. En 1808, il est muté
à l'école de St-Cyr et St-Germain. Janvier 1810, Napoléon le nomme inspecteur aux
revues (ce grade correspond à celui de général de brigade) et l'affecte le
15 février dans la 4ème division militaire. Juin 1812, il est promu officier de la légion
d'honneur. A cette nouvelle, il écrit à la chancellerie pour jouir de ses
droits politiques dans un collège électoral de la Meurthe. Son brevet lui
est envoyé le 2 février 1813.
Le 30 mai 1814, le ministre de la guerre ordonne à Hugau de se rendre à
Nancy pour y reprendre ses fonctions d'inspecteur aux revues. En octobre, Louis
XVIII confirme sa nomination à ce poste. Il est finalement mis à la retraite le
7 février 1815, après 58 ans de services qui font de lui le plus vieil inspecteur aux
revues. Le roi lui accorde la même pension qu'en 1789. Sa femme décède à Nancy
le 30 mai 1815. Quelques temps après la mort de son épouse, il retourne à Evreux
avec le corps de celle-ci. Claude hugau meurt le 12 mars 1820. Il laisse derrière
lui plusieurs manuscrits qui ne furent jamais publiés, mais que l'on peut
consulter au fonds ancien de la bibliothèque municipale d'Evreux.
Sources : Journal itinéraire. Service Historique de l'armée de terre et
Bibliothèque municipale d'Evreux (MsFfrn26).
Voyage en Asie Bibliothèque municipale d'Evreux (MsFfrn 28 & 28 bis).
Journal Hyver (ce journal raconte sa campagne en Amérique).
Le dossier de la Légion d'Honneur de Claude Hugau a été détruit par l'incendie des communards parisiens en 1871. Un double existe aux archives municipales d'Evreux et a pu être consulté par Jean-Yves.
texte et source originaux disponibles par le lien suivant:
http://lesapn.forumactif.fr/t3725-hugau-claude-etienne
Quel lien avec les Leroux?
La belle-soeur de Claude Hugau, Marie Marguerite DOLBELLE épouse Jean Auguste Jacquet-Aubertin, cousin germain de la mère de Jean-Baptiste Emmanuel Leroux (premier Leroux parisien, père de Jean-Baptiste Leroux).
Un article sur la famille Dolbelle se trouve ici.
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